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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/82

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J’étoîs ſûre que le Marquis ſe rendroit volontiers mon défenſeur, & mettroit le plus grand zele à ma réconciliation ; mais il falloit pour cela, lui révéler le genre de mes torts envers ma mere, envers ſa femme. Eh, comment ! une telle confidence étoit preſqu’auſſi embarraſſante à entendre qu’à faire ; cependant il n’y avoit pas de milieu entre franchir le pas, ou m’expoſer aux plus malignes conjectures, en reſtant brouillée avec Madame de Rozane, pour un ſujet qu’on laiſſeroit à deviner.

Cette conſidération que je fis, avec un peu d’aide, me détermina à des aveux preſque ſinceres.

Le Marquis revint, après avoir ſatisfait aux devoirs de la décence & à ceux de l’amitié… C’étoit le moment critique, je pouvois d’autant moins le retarder, que je devois retourner à Paris le lendemain : ainſi, quelles que fuſſent mes tranſes, je ſuivis mon projet, & demandai à mon beau-pere un entretien pour le ſoir.

Le deſir de captiver ſa bienveillance, m’y rendit careſſante, affectueuſe : je pris une de ſes mains, que je baiſai, malgré ſa réſiſtance. Souffrez, lui dis-je, ce foible témoignage de reſpect : il convient à celle que vous avez honorée, plus d’une fois, du nom de votre fille : hélas ! que ne l’ai-je été vérita-