Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 80 )

mer ma femme contre vous, me demanda-t-il. Quelque prévue que fût cette queſtion, elle me troubla… Avant que d’y répondre, je cherchai tout ce que je crus capable de m’excuſer ; le circuit fut ſi long, que M. de Rozane s’en impatienta. Allons au fait, interrompit-il : vous étiez en colere, Murville en étoit la cauſe, tout cela ſe comprend ; mais qu’avez-vous dit ? Forcée de m’expliquer, je le fis, à ma maniere : à peu près, en biaiſant, je rendis ce qui m’étoit échappé ſur la liaiſon de Murville avec ma mere.

L’adreſſe que j’avois miſe dans cet aveu, n’empêcha pas le Marquis de rougir prodigieuſement : ceci eſt bon ! s’écria-t-il, vous avez des idées fort honnêtes ! ſavez-vous qu’il y a de quoi vous brouiller, pour la vie, avec votre mere, & que je ſuis l’homme du monde à qui il convient le moins d’être votre Avocat ? Je ne l’ignorois pas : c’étoit ce qui m’avoit tant embarraſſée ; mais je connoiſſois ſa bonté naturelle, ſon amitié pour moi : j’attaquai ſon cœur avec les plus fortes armes que je puſſe employer… Le Comte entra pour beaucoup dans mes repréſentations, dans mes ſupplications : mes pleurs me rendirent intéreſſante… M. de Rozane s’adoucit par degrés,… me promit ſa médiation, & tint courageuſement