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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/86

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ſa parole. J’avois fait un effort de raiſon pour concevoir l’importance de mon raccommodement avec ma mere ; je retombai dans mes inconſéquences, lorſqu’il s’agit d’en diſcuter les moyens. J’aurois voulu qu’on mît l’affaire en négociation, uniquement pour reculer une démarche qui m’humilioit ; mon beau-pere, qui voyoit mieux que moi, décida que nous débuterions par-là, en arrivant à Paris.

Nous partîmes aſſez matin pour trouver encore Madame de Rozane au lit. Le cœur me battit en appercevant les maiſons du fauxbourg ; j’étois défaillante en deſcendant à l’Hôtel.

Le Marquis m’introduiſit dans la chambre de ma mere. Au bruit que nous fîmes, elle ouvrit ſon rideau, fit un mouvement de ſurpriſe, mêlé d’indignation, dont je crus prévenir les éclats, en me jettant à genoux, d’un air de ſuppliante. Quelle témérité, dit-elle, d’oſer s’offrir à mes regards !… Retirez-vous, Madame, & ne paroiſſez jamais, à moins que je ne vous rappelle. Je hazardai quelques mots, on me ferma la bouche par un nouvel ordre de me retirer, auquel je n’oſai déſobéir entiérement.

J’allai m’aſſeoir à quatre pas du lit. Un ſigne du Marquis me fit connoître que j’a-