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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/9

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j’ai ! m’écriai-je ; ce que j’ai ! O ciel ! c’eſt lui qui me fait cette queſtion ! — Et bien oui, c’eſt moi ; qu’y trouvez-vous de révoltant ?… Votre ſœur eſt morte, c’eſt un événement triſte ; mais non pas au point de réduire une perſonne ſenſée dans l’état où je vous vois. Quelle impudence ! m’écriai-je encore. Celui qui devroit verſer des larmes de ſang, a l’œil ſec, la contenance tranquille !… L’aſſaſſin de ma ſœur, ne met ſa mort qu’au rang des événements ordinaires ! Son aſſaſſin ! Voilà une furieuſe accuſation ! Sur quoi la fondez-vous, je vous prie ? Sur la dépoſition même de la malheureuſe d’Aulnai… Tenez, Monſieur, récuſez, ſi vous en avez l’audace, un ſemblable témoignage.

Il prit le cahier, en parcourut quelques pages au hazard… La ſinguliere fille ! dit-il, avec un ſouris amer ; elle vous a donc légué l’hiſtoire de nos folies ? Dites plutôt de vos perfidies, repliquai-je, en arrachant l’écrit qu’il ſe mettoit en devoir de déchirer… Vous avez trompé ma ſœur, vous m’avez trompée moi-même ; vous avez rendu, méchamment, deux femmes tendres & crédules, les victimes de vos paſſions…

Ce ſont là de grands mots qui ſignifient peu de choſes, reprit-il d’un air très-calme… Puiſque vous êtes inſtruite, tâchons de nous