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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/97

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mettent pas d’entreprendre. — Vous voulez donc, Madame, que j’en choiſiſſe de plus favorables. — Je veux ! quelle façon de parler !… Aſſurément, Monſieur, je ne dois rien vouloir, ſi vous n’avez vous-même ſur cela qu’une demi-volonté. — Pour vous faire juger de la mienne, j’irai chez vous : y ſerois-je reçu ? La défenſe de ma mere, & le deſir de l’enfreindre, me troublerent ; mes yeux diſoient oui, ma bouche n’oſoit le prononcer… Le Comte me devina, & me dit ces deux mots, en s’éloignant, pour n’être pas remarqué : Demain, à onze heures. Il fut exact à la minute ; mon impatience l’auroit voulu plus empreſſé.

Après quelques moments d’une émotion auſſi vive que ſi nous en avions été au premier tête-à-tête, je voulus rappeller ſes queſtions de la veille… Il m’interrompit… Avant tout, me dit-il, daignez me tirer d’incertitude ſur ce qu’il m’importe le plus de ſavoir. Vous êtes veuve : préférez vous cet état à un nouvel engagement ; du moins n’avez-vous ſur cela aucun terme, aucun objet décidé ? La queſtion eſt poſitive, dis-je, en affectant de ſourire ; pour vous punir de me l’avoir faite, j’ai quelqu’envie de n’y pas répondre. — Vous êtes la maîtreſſe ; mais vous ſouffrirez que j’interprete votre ſilence. Comment ? — Comme un aveu