Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 7 )

tacite de vos projets de liberté. — Eh, dans cette ſuppoſition, que feriez-vous ? — Rien. — Vous ne travailleriez pas à m’inſpirer d’autres ſentiments ? — Non. Ce froid laconiſme paroiſſoit confirmer ſon indifférence ; & comme je ne l’aimois jamais tant que lorſque je m’en croyois moins aimée, je m’exhalai en reproches, je lui prodiguai tous les noms qu’on donne aux infideles… Ses careſſes, ſes proteſtations m’appaiſerent. Je me tus, & fondis en larmes. A préſent, me dit-il, je vois clair dans ton cœur ; lis donc auſſi dans le mien, & ſois ſûre qu’il ne changera jamais. Je t’aime avec fureur ; il faut que je ſois aimé de même. Loin de ſolliciter ton conſentement à notre union, je le refuſerois s’il n’étoit le don du plus ardent amour, parce que mon bonheur dépend de la certitude du tien… Soyons donc heureux, ma charmante amie, puiſque nous pouvons l’être, & que ce jour ſoit le dernier où nous aurons à nous chercher à travers d’odieux nuages…

L’explication, le raccommodement ne ſouffrirent plus de difficultés : ils ajouterent au charme de la paſſion dont nous étions animés.

Nous avions parlé long-temps, & n’avions parlé que de nous ; la nouvelle maniere d’être de ma mere avec le Comte,