Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De tous les législateurs que l’estime de leurs concitoyens appelle à leur donner des lois, aucuns ne paraissent avoir été plus pénétrés de ces vérités que Lycurgue et M. Paoli. Ils sont parvenus cependant par des chemins bien différents à les mettre en œuvre dans leur législation.

Les Lacédémoniens avaient une nourriture abondante, des vêtements et des maisons commodes, des femmes robustes ; ils raisonnaient dans leurs sociétés ; ils étaient libres dans leur gouvernement. Ils jouissaient de leur force, de leur adresse, de l’estime de leurs compatriotes et de la prospérité de leur patrie. C’étaient là les satisfactions de leur sentiment. Ils pouvaient s’attendrir avec leurs femmes, s’émouvoir aux perspectives variées du beau climat de la Grèce ; cependant c’était principalement par le spectacle du fort de la vertu qu’ils sentaient. Dans le courage, dans la force consiste la vertu. L’énergie est la vie de l’âme, comme le principal ressort de la raison.

Les palpitations d’un Spartiate étaient celles d’un homme fort ; et l’homme fort est bon, le faible seul est méchant. Le Spartiate vivait d’une manière conforme à son organisation ; il était heureux.

…Mais tout ceci n’est qu’un rêve. Sur les bords de l’Eurotas vit aujourd’hui le pacha à trois queues, et le voyageur, navré de ce spectacle déchirant, se retire avec effroi, doutant un moment de la bonté