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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/120

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du moteur de l’univers. Mais pour conduire les hommes au bonheur faut-il donc qu’ils soient heureux en moyens ? Jusqu’à quel point doit-on leur inspirer l’amour de la liberté facultative ?

Puisqu’il faut sentir pour être heureux, quels sont les sentiments que l’on doit leur inspirer ?

Quelles sont les vérités que l’on doit leur développer ? Raisonner, dites-vous, ou point de félicité.

PREMIÈRE PARTIE


L’homme en naissant porte avec lui des droits sur la portion des fruits de la terre nécessaires à son existence.

Après l’étourderie de l’enfance vient l’éveil des passions. Il choisit parmi les compagnes de ses jeux, celle qui doit l’être de sa destinée. Son bras vigoureux, de concert avec ses besoins, demande du travail. Il jette un regard autour de lui ; il voit la terre, partagée en peu de mains, servir d’aliment au luxe et à la superfluité ; il se demande quels sont donc les titres de ces gens-là ? Pourquoi le fainéant est-il tout, l’homme qui travaille, presque rien ? Pourquoi, enfin, à moi qui ai une femme, un père et une mère décrépits à nourrir, ne m’ont-ils rien laissé ?