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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/129

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ne palpite donc jamais ? Je te plains et je t’abhorre : tu es malheureux et tu fais le malheur des autres.

Sans femme, avons-nous dit, il n’est ni santé ni bonheur. Vous enseignerez donc à la classe nombreuse des célibataires que leurs plaisirs ne sont pas les vrais, à moins que, convaincus qu’ils ne peuvent vivre sans femme, ils ne fondent sur celles des autres la satisfaction de leur appétit. Vous les dénoncerez dès lors à la société entière.

Vous dénoncerez l’extravagante présomption du ministre de Brama ; vous lui apprendrez que l’homme est seul digne du créateur, et que le fakir qui se mutile est un monstre de dépravation et de folie.

Vous rirez avec le dédain de l’indignation, lorsque l’on prétendra vous persuader que la perfection consiste dans le célibat. Vous avez ouvert le grand livre de la raison et du sentiment, ainsi vous dédaignerez de répondre aux sophismes des préjugés et de l’hypocrisie.

Que la loi civile assure à chacun son nécessaire physique ; que la soif inextinguible des richesses soit remplacée par le sentiment consolant du bonheur. Qu’à votre voix le vieillard soit le père de tous ses enfants, qu’il partage également ses biens, et que le spectacle harmonique de huit ménages heureux fasse à jamais abhorrer la loi barbare de la