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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/136

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en vain aux cinq Groënlendais tout ce que la cour de Copenhague peut offrir. L’anxiété de la patrie, de la famille, les conduit à la mélancolie et de là à la mort… Au lieu de cela, combien d’Anglais, de Hollandais, de Français qui vivent avec les sauvages ! C’est que ces infortunés étaient avilis en Europe, vivaient jouets des passions et tristes rebuts des grands ; tandis que l’homme de la nature vit heureux dans le sein du sentiment et de la raison naturelle.

Nous venons de voir comment, par le sentiment, nous jouissons de nous, de la nature, de la patrie, des hommes qui nous environnent. Il nous reste à observer comment il nous fait tressaillir à l’aspect de différentes vicissitudes de la vie. C’est ici que nous nous convaincrons que s’il ne nous rend amis du beau, du juste, il nous révolte contre l’oppresseur et le méchant.

Une jeune beauté est entrée dans sa seizième année, les roses sur son teint font place aux lis ; des yeux de feu se sont presque éteints ; la vivacité des grâces n’est plus que la langueur de la mélancolie… elle aime… T’inspire-t-elle le respect, la confiance, c’est le respect et la confiance du sentiment. T’inspire-t-elle le mépris de sa faiblesse, à la bonne heure ; mais ne me le dis jamais si tu prises mon estime.

Nina aima ; son bien-aimé mourut, elle eût dû