Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/151

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et qui s’entr’égorgent au nom du moteur de l’univers ; des prêtres fourbes et avides qui les égarent par les grands moyens de l’imagination, de l’amour du merveilleux et de la terreur. Dans cette suite de scènes affligeantes quel intérêt peut prendre un lecteur éclairé ! Mais, un Guillaume Tell vient-il à paraître, les vœux s’arrêtent sur ce vengeur des nations ; le tableau de l’Amérique dévastée par des brigands forts de leur fer, inspire le mépris de l’espèce humaine ; mais on partage les travaux de Washington, on jouit de ses triomphes, on le suit à deux mille lieues ; sa cause est celle de l’humanité. Eh bien ! l’histoire de Corse offre une foule de tableaux de ce genre ; si ces insulaires ne manquèrent pas de fer, ils manquèrent de marine pour profiter de la victoire et se mettre à l’abri d’une seconde attaque. Ainsi les années durent se passer en combats. Un peuple fort de sa sobriété et de sa constance, et des nations puissantes, riches du commerce de l’Europe, voilà les acteurs qui figurent dans l’histoire de Corse.

Pénétré de l’intérêt qu’elle pouvait avoir, de l’intérêt qu’elle inspirait, et convaincu de l’ignorance ou de la vénalité des écrivains qui ont jusqu’ici travaillé sur nos annales, vous avez senti que l’histoire de Corse manquait à notre littérature. Votre amitié voulut me croire capable de l’écrire. J’acceptai avec empressement un travail qui flattait mon amour pour ma patrie, alors