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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/152

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avilie, malheureuse, enchaînée. Je me réjouis d’avoir à dénoncer à l’opinion qui commençait à se former, les tyrans subalternes qui la dévastaient : je n’écoutais pas le cri de mon impuissance… « Il s’agit moins ici de grands talents que d’un grand courage, me dis-je, il faut une âme qui ne soit pas ébranlée par la crainte des hommes puissants qu’il faudra démasquer. Eh bien ! ajoutai-je, avec une sorte de fierté, je me sens ce courage-là.

» La constance et les vertus de ma nation captiveront le suffrage du lecteur. J’aurai à parler de M. Paoli dont les sages institutions assurèrent un instant notre bonheur, et nous firent concevoir de si brillantes espérances. Il consacra le premier ces principes qui font le fondement de la prospérité des peuples. On admirera ses ressources, sa fermeté, son éloquence ; au milieu des guerres civiles et étrangères, il fait face à tout. D’un bras ferme il pose les bases de la Constitution, et fait trembler jusque dans Gênes nos tyrans. Bientôt trente mille Français, vomis sur nos côtes, renversent le trône de la liberté, le noyant dans des flots de sang, nous font assister au spectacle d’un peuple qui, dans son découragement, reçoit des fers. Tristes moments pour le moraliste, pareils à celui qui fit dire à Brutus : Vertu, ne serais-tu qu’une chimère !… J’arriverai enfin à la domination française. Accablé sous le triple