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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/156

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sur la cause de cette obstination, leur offrit le titre d’alliés des Romains sur le pied des Latins, et l’on accepta cette condition qui assurait en partie la liberté… Rome ne put parvenir à se concilier ces peuples qu’en les faisant participer à sa grandeur… Depuis, quelques infractions au traité irritèrent les Corses, qui devinrent irréconciliables. En vain le préteur C. Cicereus et le consul M. Juventius Thalna ravagèrent la Corse. Leurs victoires furent aussi éclatantes qu’inutiles. Douze mille patriotes morts ou traînés en esclavage affaiblissent, sans le décourager, un peuple implacable dans sa haine. On fut bien étonné, à Rome, d’être obligé, après de pareils événements, d’envoyer des armées consulaires contre une nation qu’on croyait non seulement découragée, mais même détruite. Et si enfin il fallait qu’elle se soumît aux vainqueurs du monde, elle ne le fit qu’après avoir été l’objet de cinq triomphes… La Corse, dans son exaltation, avait préféré abandonner les plaines trop difficiles à défendre plutôt que de se soumettre. Les Romains se les approprièrent, et y établirent des colonies qui ont servi de lien entre les deux peuples. Lorsque, depuis, les triumvirs offrirent au monde le hideux spectacle du crime heureux, la Corse et la Sicile furent le refuge de Sextus Pompée. Je vois avec plaisir ma patrie, à la honte de l’univers, servir d’asile aux derniers restes de la liberté romaine, aux héritiers de Caton.