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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/157

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Barbares. — Des peuplades nombreuses de Goths, de Vandales, de Lombards, après avoir ravagé l’Italie passèrent en Corse, plusieurs même s’y établirent et y régnèrent longtemps. Leur gouvernement, aussi sanglant que leurs excursions, semblait n’avoir pour but que de détruire ; la plume refuse de s’arrêter à de pareilles horreurs.

Lorsque les Sarrasins furent battus par Charles Martel, ils débarquèrent en Corse ; furieux d’avoir été vaincus, ils assouvirent sur nos malheureux habitants la rage forcenée qui les transportait contre le nom chrétien. Les prêtres massacrés au moment du sacrifice, les enfants arrachés du sein maternel, écrasés contre des rochers, périssant victimes d’un Dieu qu’ils ne pouvaient connaître ; les femmes égorgées, le pays incendié, furent les offrandes que ces hommes féroces vouèrent à leur prophète. Effet terrible du fanatisme ! il étouffe les lois sacrées de l’humanité, rend les peuples sanguinaires, et finit par leur forger des fers.

Fatigués de se trouver sans cesse en proie aux incursions des barbares et d’espérer en vain des secours des princes voisins, les Corses, quittant leurs habitations, et errant dans les forêts les plus impénétrables, sur les sommets les plus inaccessibles, traînèrent sans espoir leur triste existence, lorsque, du fond de l’Italie un homme généreux y aborda avec