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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/158

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mille ou douze cents de ses parents et de ses vaisseaux.

Ugo Colonna. — Ugo, du sang des Colonna, fut le génie tutélaire qui, sous la protection des papes, vint ranimer le courage des insulaires et détruire l’empire mauresque. Les naturels du pays rentrèrent libres dans leurs habitations ; ils commenceront sans doute à goûter les fruits d’un sage gouvernement et désormais plus tranquilles, ils vivront heureux !… Non… Ugo croit avoir le droit de s’ériger en despote en conservant à la cour de Rome la suzeraineté. Les seigneurs qui l’avaient accompagné s’approprièrent divers cantons ; le régime féodal naquit de ce partage, et voilà les Corses, échappés aux cruautés des Goths et des Vandales, devenus victimes d’un système de gouvernement que ces barbares avaient imaginé, système qui a nui plus à l’Europe que leurs armes. Ainsi une reconnaissance exagérée pour les libérateurs, peut-être même une admiration aveugle pour de riches étrangers, dompte cette fois ce caractère inflexible.

Quiconque a médité sur l’histoire des nations est accoutumé sans doute au spectacle du fort opprimant le faible, et à voir les différentes sectes se haïr et s’égorger ; mais l’horrible rapine que Rome exerçait à cette époque est, je crois, le point extrême de l’abus de la religion. Les papes, en vertu de leur su-