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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/160

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pire, visèrent tous à l’indépendance. Les peuples également victimes des guerres que les seigneurs se faisaient entre eux ne tardèrent pas à s’en lasser. Le peuple corse, au centre de l’Europe, a dû sans doute être opprimé par les mêmes tyrans que les autres peuples, mais il a toujours été le premier à donner l’éveil et à secouer le joug. Ainsi, dans ce siècle où toute l’Europe croupissait sous le régime féodal, lui seul se fit un gouvernement municipal, adopté depuis en Italie, et ensuite dans les autres pays du continent.


Gouvernement municipal. — La partie septentrionale de l’île fut la première à recouvrer sa liberté ; chaque village forma sa municipalité, chaque piève eut son podestat, et tous réunis nommèrent une régence, ou suprême magistrature, composée de douze membres.

Les papes, qui n’avaient pas abandonné leurs prétentions sur la Corse, y envoyèrent des seigneurs de la maison de Massa, sous prétexte de diriger les forces des communes contre les barons avec plus d’intelligence. Ils les accoutumaient ainsi à recevoir des chefs de leurs mains ; mais, en 1091, le pape Urbain second donna l’investiture de la Corse aux Pisans, qui, maîtres de Bonifacio et très puissants dans ces mers, se faisaient estimer par leur sagesse.

Une partie de l’île était gouvernée en démocratie,