Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait des lois, des magistrats et des forces ; la partie méridionale, excepté deux pièves, était soumise aux seigneurs des maisons de Cinarca, Leca, Rocca, Ornano. Quelle était donc l’autorité de la République de Pise ? Elle envoyait deux de ses principaux citoyens qui percevaient une légère imposition : leur principale fonction consistait à tâcher de maintenir la paix parmi les différents États qui composaient le royaume. Soit qu’il s’élevât un différend entre deux barons, soit qu’il s’en élevât un entre un baron et une commune, les deux magistrats qui portaient le titre de judice prononçaient. Le gouvernement des Pisans fut agréé en Corse ; ils n’ambitionnaient pas une extension d’autorité, la paix et la justice furent l’objet de leur soin, le tribut modique qu’ils percevaient, ils l’employaient tout entier à des établissements publics. Le titre de citoyens de Pise, qu’ils donnèrent aux Corses, avec la jouissance des prérogatives qui s’y trouvaient attachées, acheva de consolider leur prépondérance.

Ainsi, Monsieur, s’écoulèrent dix-huit siècles, sans qu’au milieu de tant de révolutions, le peuple corse ait jamais démenti son caractère.

Des érudits italiens ont prétendu, dans ces derniers temps, que la maison Colonna n’était jamais venue en Corse ; ils ont fourni des preuves qui ne m’ont point convaincu : je m’en tiens donc à l’assertion reçue, à la tradition, à la conviction qu’en ont les Colonna