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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/167

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civile, mais Sinuccello sut rendre vaines toutes leurs trames ; il vieillit, et la perte de la vie fut son premier malheur.

Guglielmo de Pietrallerata, gagné par les Liguriens, méprisant un vieillard caduc et accablé d’infirmités, déploie l’étendard de la rébellion ; Lupo d’Ornano, neveu de Sinuccello, mis à la tête de la force publique, marche, bat, près de la Mezzana, l’imprudent Guglielmo, qui, sans ressource, a recours à la commisération du jeune vainqueur, de qui il obtient une suspension de quelques jours. Lupo se reproche déjà un délai qui peut rendre inutile sa victoire, flétrir ses lauriers, et lui enlever son triomphe. Dans l’inquiétude de ses pensées arrive le terme de la suspension : une entrevue lui est demandée, il y court avec impatience ; il va enfin, par la captivité de son ennemi, se rendre illustre parmi les siens, et mériter de succéder aux honneurs comme à la puissance de son oncle… ; les deux escortes restent à trois cents pas ; les deux chefs s’avancent, se joignent, une visière se lève et, au lieu de Guglielmo, laisse voir sa fille, l’intéressante Véronica.

« Lupo, lui dit Véronica, il n’y a pas encore un an que nous vivions en frères, et il faut que la fortune te réserve une destinée bien glorieuse, puisque ton coup d’essai a été la défaite de mon père… Lupo, je t’ai vu à mes genoux me promet-