Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il obligea les ennemis à repasser les mers. Mais les Génois ne pouvaient si promptement abandonner une entreprise qui était l’objet des intrigues fomentées, des crimes commis, du sang versé pendant deux siècles. Ils comprirent seulement qu’il fallait ou une masse de forces plus considérable, ou des ressorts plus compliqués, pour soumettre une nation indomptable ; ils comprirent que le principal avantage qu’ils tiraient de l’île consistant dans un commerce exclusif, ainsi que dans la possession des ports qui favorisaient leur marine et les rendaient redoutables à leurs ennemis, ils pouvaient remplir le même but en tenant les places maritimes et en abandonnant l’intérieur aux factieux, que l’on exciterait pour les empêcher de se rallier. D’ailleurs, le commerce avait beaucoup accru la puissance de certaines familles de Gênes ; il n’était pas moins important pour la liberté de les affaiblir. L’on imagina de les mettre aux prises avec les Corses. Dans ce but, la République déclara abandonner les affaires intérieures de l’île et ne plus vouloir se mêler de protéger un peuple ingrat ; sous main cependant, elle sollicita les plus puissants patriciens d’employer leurs richesses à une conquête glorieuse pour la patrie et avantageuse pour leurs familles.

L’ambition excitée est aveugle, et cinq des plus puissantes familles de Gênes s’allièrent sous le nom de Compagnie de la Maona pour conquérir la Corse.