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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/197

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Un silence farouche résiste obstinément à ses excuses et aux caresses de ses enfants. Le sentiment aigre de l’horreur a pétrifié sans retour l’âme de Sampiero. Quatre jours se passent dans cette immobilité, à la fin desquels ils arrivent dans leur maison de Marseille. Vannina, accablée de fatigue et d’angoisse, se livre un moment au sommeil ; à ses pieds sont ses enfants, vis-à-vis est son mari, cet homme que l’Europe estime, en qui sa patrie espère et qu’elle vient de trahir… Ce tableau remue un instant Sampiero, le feu de la tendresse et de la compassion semble se ranimer en lui. Le sommeil est l’image de l’innocence ! Vannina se réveille, elle croit voir de l’émotion sur la physionomie de son mari, elle se précipite à ses pieds ; elle en est repoussée avec effroi.

« Madame, lui dit avec dureté Sampiero, entre le crime et l’opprobre, il n’est de milieu que la mort. »

L’infortunée et criminelle Vannina tombe sans connaissance. Les horreurs de la mort s’emparent, à son réveil, de son imagination : elle prend ses enfants dans ses bras. « Soyez mes intercesseurs ; je veux la vie pour votre bien. Je ne me suis rendue criminelle que pour l’amour de vous ! »

Le jeune Alphonse va alors se jeter dans les bras de son père, le prend par la main, l’entraîne auprès de sa mère, et là, embrassant ses genoux, il les baigne de larmes, n’a que la force de lui montrer