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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/198

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du geste Vannina, qui, tremblante, égarée, retrouve cependant sa fierté à la vue de son mari, et lui dit avec courage : « Sampiero, le jour où je m’unis à vous, vous jurâtes de protéger ma faiblesse et de guider mes jeunes années, pourriez-vous donc souffrir aujourd’hui que de vils esclaves souillassent votre épouse ? Et puisqu’il ne me reste plus que la mort pour refuge contre l’opprobre, la mort ne doit pas être plus avilissante que l’opprobre même… Oui, Monsieur, je meurs avec joie, vos enfants auront pour les élever l’exemple de votre vie et l’horrible catastrophe de leur mère ; mais Vannina qui ne vous fut pas toujours si odieuse, mais votre épouse mourante ne vous demande qu’une grâce, c’est de mourir de votre main ! »

La fermeté que Vannina mit dans ce discours frappa Sampiero sans aller jusqu’au cœur. La compassion et la tendresse qu’elle eût dû exciter trouva une âme fermée désormais à la vie du sentiment…… Vannina mourut…… Elle mourut par les mains de Sampiero.

Peu de temps après ce terrible événement, Sampiero débarque au golfe de Valinco, avec vingt-cinq hommes, et trouve bientôt une armée ; il bat les ennemis à Vescovato, à Rostino, où Antonio Négri périt avec deux mille des siens. Après avoir été forcé de se retirer devant l’armée de Stephano Doria, il la détruit par l’habileté de