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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/202

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temps le gouverneur réunit sur sa tête toute l’autorité… Il put faire mettre à mort un citoyen sans autre formalité que celle-ci : Je le prends sur ma conscience, et la grande noblesse fut satisfaite.

Tous les emplois civils et militaires furent donnés par le gouverneur ou par le sénat, et furent donnés à des nobles Génois. Pour ne laisser naître aucune espérance présomptueuse, il y eut une loi qui déclara les Corses incapables d’occuper aucun emploi… et la petite noblesse fut contente.

Le noble du grand conseil, excessivement pauvre, n’a pour nourrir une famille nombreuse que le droit qu’il tient de sa naissance, de gérer les emplois de la République. Il faut que chacun profite à son tour de ce droit, parce qu’il faut que chacun vive ; aussi ne peut-on être que deux ans en place, et est-on obligé, durant un certain temps, de n’occuper aucun autre emploi. Il faut donc, pendant ces deux années, amasser assez pour se maintenir pendant quatre ans et fournir aux différents voyages que l’on doit entreprendre.

Gênes, jadis très puissante, avait un grand nombre d’emplois à donner ; mais au temps dont nous parlons, elle était réduite à la Corse seule, et la Corse était obligée de supporter presque tout cet horrible fardeau. Chaque deux ans l’on voyait arriver des flottilles de ces gentillâtres, avec leurs fa-