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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/204

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manufactures. Cela accrut le petit cabotage et rendit le pays plus sujet.

Les marchandises cessant d’avoir leur prix, le peuple cessa de travailler, les champs devinrent incultes, et un pays appelé à l’abondance, au commerce, un sol qui promet à ses habitants la santé, la richesse, ne lui offrit que la misère et l’insalubrité. Malheureusement, à force de piller, l’on épuisa notre pauvre pays, qui n’eut plus rien à offrir que des pierres. Il fallait cependant que cette illustre noblesse vécût ; elle eut recours à deux moyens : d’abord chaque commandant de petites tours, chaque petit commissaire, eut une boutique à laquelle il fallut donner la préférence ; enfin ils vendaient la permission de porter les armes.

Dépouillé des biens qui rendent la vie aimable et sûre, exclu de tous les grades, de toutes les places, privé de toute considération, réduit à la dernière misère, outragé par la classe la plus méprisable de l’univers, comment le Corse, si hardi, si fier, si intrépide, se laissa-t-il traîner dans la fange sans résister ? Je m’empresse de vous développer ces tristes circonstances, afin qu’en plaignant ce peuple, vous ne cessiez pas de l’estimer.

Je vous ai, en deux pages, tracé l’histoire du gouvernement génois ; mais ces deux pages renferment cent cinquante ans. On marcha pas à pas. Si tout à coup le sénat eût découvert son horrible projet, sans exciter