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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/212

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la perfidie de ses ministres. Après avoir laissé environ deux mille morts ou prisonniers, nos ennemis regagnèrent leurs remparts avec précipitation. L’enthousiasme produisit les actions les plus dignes d’être transmises à la postérité : Vingt et un bergers de Bastelica faisaient paître leurs troupeaux dans la plaine de Campo di Loro, deux cents hussards et six cents piétons vinrent pour les enlever : ces braves gens se réunissent, tiennent ferme, repoussent cette nombreuse troupe et la font fuir. Investis enfin par quatre cents autres ennemis, ils périssent tous en prononçant le nom sacré de la patrie.

L’honneur de l’empereur avait essuyé bien des échecs. Si l’honneur des princes consiste à protéger le juste contre le méchant, le faible contre le fort, sans doute l’empereur Charles VI avait déshonoré ses armes ; mais si l’honneur consiste à massacrer des infortunés, le cabinet de Vienne sut bien réparer ce qu’il n’avait pu faire à la campagne précédente : il envoya le prince de Wurtemberg avec des renforts considérables et quoique ses premiers efforts ne furent pas heureux, il était désormais impossible de résister à des forces si imposantes. On fit des propositions de paix ; les Génois reconnurent, accordèrent, promirent tout ce qu’on voulut, et l’on posa les armes.

Il était tout naturel que, ne voulant observer aucune des conditions du traité, les Génois commen-