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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/218

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Wurtemberg et Maillebois obtinrent des succès et soumirent tous deux le pays ; mais ils laissèrent le feu sous les cendres, et aussitôt après leur départ, la guerre se renouvela avec plus de fureur. Le vieux Giafferi, le chanoine Orticone, homme souple et éloquent, Hyacinthe Paoli, Cianoldi, Gaforio, furent successivement à la tête des affaires, qu’ils conduisirent avec plus ou moins de succès, mais toujours loyalement et animés par les plus nobles sentiments. La souveraineté du pays résidait dans une consulte composée des députés des pièves. Elle décidait de la guerre et de la paix, décrétait les impositions et les levées de milices. Il n’y avait aucune troupe soldée, mais tous les citoyens en état de porter les armes étaient inscrits sur trois rôles dans chaque commune ; ils marchaient à l’ennemi à l’appel du chef : les armes, les munitions, les vivres, étaient au compte de chaque particulier.

Dans toutes les consultes, et il est des années où il s’en tint plusieurs, les Corses publièrent des manifestes, dans lesquels ils détaillaient leurs griefs anciens et modernes contre leurs oppresseurs. Ils avaient pour but d’intéresser l’Europe à leur cause et aussi d’exalter le patriotisme national. Plusieurs de ces manifestes, rédigés par Orticone, sont pleins d’énergie, de logique et des plus nobles sentiments.

On a de fausses idées sur le roi Théodore. Le baron de Neuhoff était Westphalien ; il débarqua à la ma-