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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/227

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France pour y être élevés. C’est en Corse que les économistes firent l’essai de l’imposition en nature. Dans les vingt années qui s’écoulèrent de 1769 à 1789, l’île gagna beaucoup. Mais tant de bienfaits ne touchèrent pas le cœur des habitants, qui, au moment de la Révolution, n’étaient rien moins que Français. Ils le sont devenus en 1790, la Révolution ayant changé l’esprit de ces insulaires. Paoli quitta l’Angleterre où il vivait d’une pension que lui avait faite le parlement et qu’il abandonna. Il fut accueilli par la Constituante, par la garde nationale de Paris et même par Louis XVI. Son arrivée dans l’île produisit une joie générale ; la population tout entière accourut à Bastia pour le voir. En peu de jours, il reprit une grande influence sur le peuple. Le Conseil exécutif le nomma général de division, commandant les troupes de ligne dans l’île. Les gardes nationales lui avaient déféré leur commandement. L’assemblée électorale l’avait nommé président. Il réunit ainsi tous les pouvoirs. Cette conduite du Conseil exécutif n’était pas politique ; mais il faut se reporter à l’esprit qui régnait alors. Quoi qu’il en soit, Paoli servit fidèlement la Révolution jusqu’au 10 août. La mort de Louis XVI acheva de le dégoûter. Dénoncé par les sociétés populaires de Provence, la Convention, qu’aucune considération n’arrêtait jamais, l’appela à sa barre. Il avait près de quatre-vingts ans. C’était l’inviter à porter lui-