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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/228

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même sa tête sur l’échafaud. Il n’eut d’autre ressource que d’en appeler à ses compatriotes ; il insurgea toute l’île contre la Convention. Les représentants du peuple, commissaires chargés de mettre à exécution ce décret, arrivèrent dans ces circonstances ; ils ne purent que conserver, à l’aide de quelques bataillons, les places de Bastia et de Calvi. Si la décision du parti que devait prendre la Corse avait dépendu d’une assemblée des principales familles, Paoli n’aurait pas réussi. On blâmait généralement les excès qui se commettaient en France ; mais on pensait qu’ils étaient passagers, qu’il était facile de s’en garantir dans l’île, et qu’il ne fallait pas, pour obvier à l’inconvénient du moment, se séparer d’une patrie qui pouvait seule assurer le bonheur et la tranquillité du pays. Paoli fut étonné du peu de crédit qu’il obtint dans des conférences privées. Plusieurs de ceux mêmes qui l’avaient accompagné en Angleterre et avaient passé vingt ans à maudire la France furent les plus récalcitrants, entre autres le général Gentili ; cependant, dans la masse entière de la population, à l’appel de son ancien chef, il n’y eut qu’un cri. En un moment la tête de maure fut arborée sur tous les clochers, et la Corse cessa d’être française. Peu de mois après, les Anglais s’emparèrent de Toulon ; lorsqu’ils en furent chassés, l’amiral Hood mouilla à Saint-Florent ; il débarqua 12,000 hommes, qu’il mit sous les ordres de Nelson ; Paoli