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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/246

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tort qu’on leur faisait. Ils ne pouvaient pas faire les mécontents, et se révolter contre votre autorité ; en horreur à leurs compatriotes, leur retour n’eût pas été plus sincère. Il est donc bien naturel qu’ayant ainsi trouvé quelques millions d’écus, vous ne les ayez laissé échapper ; c’eût été une duperie.

Les Français, battus malgré leur or, leurs brevets, la discipline de leurs nombreux bataillons, la légèreté de leurs escadrons, l’adresse de leurs artilleurs ; défaits à la Penta, à Vescovato, à Loretto, à Saint-Nicolao, à Borgo, à Barbaggio, à Oletta, se retranchèrent excessivement découragés. L’hiver, le moment de leur repos, fut pour vous, Monsieur, celui du plus grand travail ; et si vous ne pûtes triompher de l’obstination des préjugés profondément enracinés dans l’esprit du peuple, vous parvîntes à en séduire quelques chefs auxquels vous réussîtes, quoique avec peine, à inculquer les bons sentiments ; ce qui, joint aux trente bataillons qu’au printemps suivant M. de Vaux conduisait avec lui, soumit la Corse au joug, obligea Paoli et les plus fanatiques à la retraite.

Une partie des patriotes étaient morts en défendant leur indépendance, l’autre avait fui une terre proscrite, désormais hideuse, nid des tyrans ; mais, un grand nombre n’avait dû mourir ni fuir ; ils furent l’objet des persécutions. Des âmes que l’on n’avait pu corrompre étaient d’une autre trempe.