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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/248

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tour, quels égards deviez-vous avoir pour une nation que vous saviez, vous, détester ?

Votre projet favori était de partager l’île entre dix barons. Comment ! Non content d’avoir aidé à forger les chaînes où votre patrie était retenue, vous vouliez encore l’assujettir à l’absurde régime féodal ! mais je vous loue d’avoir fait aux Corses le plus de mal que vous pouviez ; vous étiez dans un état de guerre avec eux, et, dans l’état de guerre, faire du mal pour son profit est un axiome.

Mais passons sur toutes ces misères-là ; arrivons au moment actuel, et finissons une lettre qui, par son épouvantable longueur, ne peut manquer de vous fatiguer.

L’état des affaires de France présageait des événements extraordinaires. Vous en craignîtes le contre-coup en Corse. Le même délire dont nous étions possédés avant la guerre, à votre grand scandale, commença à ématir cet aimable peuple. Vous en comprîtes les conséquences ; car, si les grands sentiments maîtrisaient l’opinion, vous ne deveniez plus qu’un traître au lieu d’un homme de bon sens. Pis encore, si les grands sentiments revenaient à agiter le sang de nos chauds compatriotes, si jamais un gouvernement national s’ensuivait, que deveniez-vous ? Votre conscience alors commença à vous épouvanter. Inquiet, affligé, vous ne vous y abandonnâtes pas. Vous résolûtes de jouer le tout pour