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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/249

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le tout, mais vous le fîtes en homme de tête. Vous vous mariâtes pour accroître vos appuis.

Un honnête homme qui avait, sur votre parole, donné sa sœur à votre neveu, se trouva abusé. Votre neveu, dont vous aviez englouti le patrimoine pour accroître un héritage qui devait être le sien, s’est trouvé réduit à la misère avec une nombreuse famille. Vos affaires domestiques arrangées, vous jetâtes un coup d’œil sur le pays. Vous le vîtes fumant du sang de ses martyrs, jonché de victimes multipliées, n’inspirer à chaque pas que des idées de vengeance.

Mais vous y vîtes l’atroce militaire, l’impertinent robin, l’avide publicain, y régner sans contradictions, et le Corse accablé sous ses triples chaînes, n’oser ni penser à ce qu’il fut, ni réfléchir sur ce qu’il pouvait être encore. Vous vous dîtes dans la joie de votre cœur : les choses vont bien, il ne s’agit que de les maintenir et aussitôt vous vous liguâtes avec le militaire, le robin et le publicain.

Il ne fut plus question que de s’occuper à avoir des députés qui fussent animés de ces sentiments ; car pour vous, vous ne pouviez pas soupçonner qu’une nation, votre ennemie, vous choisît pour la représenter. Mais vous dûtes changer d’opinion, lorsque les lettres de convocation, par une absurdité peut-être faite à dessein, déterminèrent que le député de la noblesse serait nommé dans une assemblée com-