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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/251

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Tous les délégués de l’ancienne administration, qui entraient naturellement dans votre cabale, vous servirent avec toute la chaleur de l’intérêt personnel ; l’on dressa des mémoires, où l’on prétendit prouver l’avantage dont était pour nous le gouvernement actuel et où l’on établissait que tout changement contrarierait le vœu de la nation. Dans ce même temps, la ville d’Ajaccio eut indice de ce qui se tramait ; elle leva le front, forma sa garde nationale, organisa son comité. Cet incident inattendu vous alarma ; la fermentation se communiquait partout. Vous persuadâtes aux ministres, sur qui vous aviez pris de l’ascendant pour les affaires de Corse, qu’il était imminent d’y envoyer votre beau-père, M. Gaffori, avec un commandement ; et voici M. Gaffori, digne précurseur de M. Narbonne, qui prétend, à la tête de ses troupes, maintenir par la force la tyrannie que feu son père, de glorieuse mémoire, avait combattue et confondue par son génie.

Des bévues sans nombre ne permirent pas de dissimuler la médiocrité des talents de votre beau-père ; il n’avait que l’art de se faire des ennemis. L’on se ralliait de tous côtés contre lui. Dans ce pressant danger, vous levâtes vos regards et vîtes Narbonne ! Narbonne, mettant à profit un moment de faveur, avait projeté de fixer dans une île, qu’il avait dévastée par des cruautés inouïes, le despotisme qui le rongeait. Vous vous concertâtes : le projet est