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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/261

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d’artillerie, plusieurs pièces de vingt-quatre ; sous peu de jours nous serons dans le cas de reprendre Avignon, ou du moins nous resterons maîtres de la Durance.

LE MILITAIRE.

Voilà ce que l’on vous dit pour vous entraîner dans le précipice qui s’approfondit à chaque instant, et qui peut-être engloutira la plus belle ville de France, celle qui a le plus mérité des patriotes ; mais l’on vous a dit aussi que vous traverseriez la France, que vous donneriez le ton à la République, et vos premiers pas ont été des échecs. L’on vous a dit qu’Avignon pouvait résister longtemps à vingt mille hommes, et une seule colonne de l’armée, sans artillerie de siège, dans vingt-quatre heures, en a été maîtresse ; l’on vous a dit que le Midi était levé, et vous vous êtes trouvés seuls ; l’on vous a dit que la cavalerie nîmoise allait écraser les Allobroges, et ceux-ci étaient déjà au Saint-Esprit et à Villeneuve ; l’on vous a dit que quatre mille Lyonnais négociaient leur accommodement.

Reconnaissez donc que l’on vous trompe, concevez l’impéritie de vos meneurs, et méfiez-vous de leurs calculs.

Le plus dangereux conseiller, c’est l’amour-propre : vous êtes naturellement vifs, l’on vous conduit à votre perte par le même moyen qui a ruiné tant de peuples, en exaltant votre vanité ; vous avez