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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/265

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forces ; au contraire, aujourd’hui Lyon, Nîmes, Montpellier, Bordeaux, le Jura, l’Eure, Grenoble, Caen, ont reçu la Constitution, aujourd’hui qu’Avignon, Tarascon, Arles ont plié, avouez qu’il y a dans votre opiniâtreté de la folie ; c’est que vous êtes influencés par des personnes qui, n’ayant plus rien à ménager, vous entraînent dans leur ruine.

Votre armée sera composée de tout ce que vous avez de plus aisés, des riches de votre ville, car les sans-culottes pourraient trop facilement être tournés contre vous. Vous allez donc compromettre l’élite de votre jeunesse accoutumée à tenir la balance commerciale de la Méditerranée, et à vous enrichir par leur économie et leurs spéculations contre de vieux soldats, cent fois teints du sang du furibond aristocrate ou du féroce Prussien.

Laissez les pays pauvres se battre jusqu’à la dernière extrémité : l’habitant du Vivarais, des Cévennes, de la Corse, s’exposer sans crainte à l’issue d’un combat : s’il gagne, il a rempli son but ; s’il perd il se trouve comme auparavant dans le cas de faire la paix et dans la même position… Mais vous !… perdez une bataille, et le fruit de mille ans de fatigues, de peines, d’économies, de bonheur, devient la proie du soldat.

Voilà cependant les risques que l’on vous fait courir avec autant d’inconsidération.

LE MARSEILLAIS.

Vous allez vite et vous m’effrayez ; je conviens avec