Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/290

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La France possédait par ses armes toutes les contrées, depuis la mer du Nord jusqu’à la mer Adriatique, et depuis le Danube jusqu’au canal de Messine. Qu’a-t-elle fait pour la paix générale ? Elle rend la Batavie à elle-même ; elle restitue à la Suisse son indépendance avec ses anciennes constitutions ; elle cède le pays vénitien à l’Autriche ; des indemnités territoriales sont accordées aux électeurs du corps germanique ; les îles vénitiennes régularisent la forme de leur gouvernement sous l’influence de la Russie et de la Porte ; l’Italie voit s’établir les républiques lucquoise, italienne et ligurienne ; les troupes françaises évacuent les états du pape et le royaume de Naples ; l’Étrurie reçoit un roi ; les troupes françaises, presque aux portes de Vienne, rentrent sur la rive gauche du Rhin ; le Portugal est évacué et rendu à son indépendance. Ah ! si la France avait eu des projets ambitieux et des vues d’agrandissement, n’aurait-elle pas conservé l’Italie tout entière sous son influence directe ; n’aurait-elle pas étendu sa domination sur la Batavie, la Suisse et le Portugal ? Au lieu de cet agrandissement facile, elle présente une sage limitation de son territoire et de sa puissance : elle subit la perte de l’immense territoire de Saint-Domingue, ainsi que des trésors et des armées destinés à la restauration de cette colonie… Elle fait tous les sacrifices pour obtenir la continuation de la paix.