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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/291

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L’Angleterre, au contraire, s’empare entièrement de l’île opulente de Ceylan et de toute la navigation du golfe du Bengale ; elle acquiert l’importante possession de la Trinité ; elle essaie, par un traité secret avec les mameloucks, d’envahir l’Égypte, en leur fournissant des armes et des munitions ; elle ne quitte Alexandrie que longtemps après l’expiration des délais convenus, et parce que les ravages de la peste l’épouvantent. Elle viole le traité d’Amiens pour garder Malte, pour éloigner les corsaires barbaresques, pour faire le commerce exclusif de l’Adriatique, du Levant, des Dardanelles et de la mer Noire, et pour défendre à toutes les nations la navigation de la Méditerranée ; elle réunit tous ses efforts pour faire perdre Saint-Domingue à la France, et pour l’empêcher de jouir de la Louisiane ; elle excite les dissensions dans les cantons suisses, et fournit des munitions et des armes à leur extermination civile ; elle envoie des escadres dans les mers du Nord, devant le Texel et la Meuse, menaçant d’envahir la Batavie ; elle convoite la Sicile, demande l’île de Lampedouse et occupe la Sardaigne. Les quatre parties du monde, les golfes, les caps, les détroits, des colonies opulentes, ne peuvent satisfaire sa cupidité politique et commerciale. Son avarice et son ambition sont enfin à découvert. Le masque tombe ; l’Angleterre n’assigne plus que trente-six heures à la durée de la paix. Elle a spéculé