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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/329

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comme d’un long songe qu’ils aient jamais cessé de briller[1]. Les bibliothèques, les cours d’histoire, de botanique, d’astronomie, se succèdent. Tout est entassé dans ce pays pour rendre la vie agréable ; l’on s’arrache à ses réflexions, et quel moyen de voir en noir dans cette application de l’esprit et ce tourbillon actif ? Les femmes sont partout, aux spectacles, aux promenades, aux bibliothèques.

Dans le cabinet du savant, vous voyez de très jolies personnes. Ici seulement, de tous les endroits de la terre, elles méritent de tenir le gouvernail ; aussi les hommes en sont-ils fous, ne pensent-ils qu’à elles et ne vivent-ils que pour elles. Une femme a besoin de six mois de Paris pour connaître ce qui lui est dû.


XV

AU MÊME.

Paris, le 19 juillet 1795.

Salut à ta femme[2] que je désire beaucoup em-

  1. Cette lettre, l’une des plus jolies de la jeunesse de Bonaparte, montre jusqu’à quel point il était bien doué pour l’observation directe de la vie. Beaucoup de nos soi-disant chroniqueurs d’aujourd’hui n’ont point ce ton aimable et plein d’aisance.
  2. Joseph Bonaparte s’était marié le 1er août 1794, à Cuges (Bouches-du-Rhône) avec Marie-Julie Clary, née à Marseille le 25 décembre 1771, fille de François Clary, négociant en savons, et de Françoise-Rose Somis.