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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/328

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tu sais bien, mon ami, que tu ne peux pas avoir de meilleur ami à qui tu sois plus cher et qui désire plus sincèrement ton bonheur. Si tu pars, et que tu penses que ce puisse être pour quelque temps, envoie-moi ton portrait. Nous avons vécu tant d’années ensemble, si étroitement unis, que nos cœurs se sont confondus, et tu sais mieux que personne combien le mien est entièrement à toi. Je sens, en traçant ces lignes, une émotion dont j’ai peu d’exemples dans ma vie. Je sens bien que nous tarderons à nous voir, et je ne puis continuer ma lettre. Adieu, mon ami.


XIV

À SON FRÈRE JOSEPH.

Paris, le 18 juillet 1795[1].

Le luxe, le plaisir et les arts reprennent ici d’une manière étonnante ; hier on a donné Phèdre à l’Opéra, au profit d’une ancienne actrice ; la foule était immense depuis deux heures après-midi, quoique les prix fussent triplés. Les voitures, les élégants reparaissent, ou plutôt ils ne se souviennent plus que

  1. Reproduite par M. Imbert de Saint-Amand.