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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/333

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l’on dirait que chacun a à s’indemniser du temps qu’il a souffert, et l’incertitude de l’avenir porte à ne rien épargner pour les plaisirs du présent… Adieu, mon bon ami ; sois très insouciant sur l’avenir, très content du présent, gai et apprends un peu à t’amuser.


XX

AU MÊME

Paris, 12 août 1795.

Cette ville est toujours la même, tout pour le plaisir, tout aux femmes, aux spectacles, aux bals, aux promenades, aux ateliers des artistes. Fesch paraît vouloir retourner en Corse à la paix ; il est toujours le même, existant dans l’avenir, m’écrivant six pages sur la pointe d’une aiguille ; le présent n’est plus pour lui que le passé, mais l’avenir est tout[1]. Moi, très peu attaché à la vie, la voyant sans grande sollicitude, me trouvant constamment dans la situation d’âme où l’on est à la veille d’une bataille, convaincu par sentiment que lorsque la mort se trouve au milieu pour tout

  1. La plupart des Bonaparte et leurs alliés ont toujours eu le pressentiment qu’ils joueraient un rôle important sur la scène du monde. L’abbé Joseph Fesch, qui était à ce moment simple commissaire des guerres, mourut cardinal après avoir occupé un archevêché.