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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/373

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XIII

Marmirolo, 19 juillet 1796.

Il y a deux jours que je suis sans lettre de toi. Voilà trente fois aujourd’hui que je me suis fait cette observation ; tu sens que cela est bien triste ; tu ne peux pas douter cependant de la tendre et unique sollicitude que tu m’inspires. Nous avons attaqué hier Mantoue. Nous l’avons chauffée avec deux batteries à boulets rouges et des mortiers. Toute la nuit, cette misérable ville a brûlé. Ce spectacle était horrible et imposant. Nous nous sommes emparés de plusieurs ouvrages extérieurs, nous ouvrons la tranchée cette nuit. Je vais partir pour Castiglione demain avec le quartier général, et je compte y coucher. J’ai reçu un courrier de Paris. Il y avait deux lettres pour toi ; je les ai lues. Cependant, bien que cette action me paraisse toute simple et que tu m’en aies donné la permission l’autre jour, je crains que cela ne te fâche, et cela m’afflige bien. J’aurais voulu les recacheter. Fi ! ce serait une horreur. Si je suis coupable, je te demande grâce ; je te jure que ce n’est pas par jalousie ; non, certes, j’ai de mon adorable amie une trop grande opinion pour cela. Je voudrais que tu me donnasses permission entière de