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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/406

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LIV

5 octobre 1806.

Il n’y a pas d’inconvénient que la princesse de Bade se rende à Mayence. Je ne sais pas pourquoi tu pleures ; tu as tort de te faire du mal. Hortense est un peu pédante ; elle aime à donner des conseils. Elle m’a écrit, je lui réponds. Il faut qu’elle soit heureuse et gaie. Le courage et la gaieté, voilà la recette[1].

    musat, première dame du palais, écrivait à son mari, chambellan de Napoléon, la très curieuse épître que voici :

    « Vous ne pouvez vous figurer à quel point les têtes sont montées. Tout retentit des louanges de l’empereur ; les personnes que nous avons vues les plus opposées sont obligées de lui rendre les armes, et disent avec l’empereur de Russie : C’est un prédestiné ! » Avant-hier, aux spectacles, j’ai accompagné la princesse Louis pour assister aux différentes lectures des bulletins qui s’y sont faites. Les salles étaient pleines, parce que le canon avait annoncé, le matin, quelque chose de nouveau, et tout a été écouté et senti, et applaudi avec des cris dont je n’avais point d’idée. Je pleurais de toutes mes forces pendant ce temps. Je me sentais si émue que je crois que si l’empereur s’était présenté dans ce moment, je me serais jetée à son cou, quitte à lui en demander après pardon à ses pieds. »
    (Lettre du 18 décembre 1805.)

  1. Allusion aux différends conjugaux du roi Louis et de la reine Hortense.