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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/411

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que je dis des femmes[1] ; il est vrai que je hais les femmes intrigantes, au delà de tout. Je suis accoutumé à des femmes bonnes, douces et conciliantes ; ce sont celles que j’aime. Si elles m’ont gâté, ce n’est pas ma faute, mais la tienne. Au reste, tu verras que j’ai été fort bon pour une qui s’est montrée sensible et bonne, madame d’Hatzfeld[2]. Lorsque je lui montrai la lettre de son mari, elle me dit en sanglotant, avec une profonde sensibilité et naïvement : « Ah ! c’est bien là son écriture ! » Lorsqu’elle lisait, son accent allait à l’âme ; elle me fit peine. Je lui dis : « Eh bien ! madame, jetez cette lettre au feu, je ne serai pas assez puissant pour faire punir votre mari. » Elle brûla la lettre, et me parut bien heureuse. Son mari est depuis fort tranquille ; deux heures plus tard, il était perdu. Tu vois donc que j’aime les femmes bonnes, naïves et douces ; mais c’est que celles-là seules te ressemblent. Adieu, mon amie, je me porte bien.

  1. Joséphine se plaignait des railleries que Napoléon avait prodiguées à la reine de Prusse dans le bulletin d’Iéna.
  2. M. de Hatzfeld (prince prussien) avait été conservé par Napoléon comme gouverneur civil de Berlin. Une lettre adressée par lui au général Hohenlohe, et interceptée aux avant-postes, prouva qu’il instruisait l’ennemi des mouvements de nos troupes. Sa femme était fille du ministre Schulembourg. Au reste, ce n’est pas là le seul exemple de la générosité native de l’empereur Napoléon.