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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/437

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CIV

Tilsitt, 6 juillet 1807.

J’ai reçu ta lettre du 25 juin. J’ai vu avec peine que tu étais égoïste, et que les succès de mes armes seraient pour toi sans attraits. La belle reine de Prusse doit venir dîner avec moi aujourd’hui. Je me porte bien, et désire beaucoup te revoir, quand le destin l’aura marqué. Cependant, il est possible que cela ne tarde pas.


CV

Tilsitt, 7 juillet 1807.

Mon amie, la reine de Prusse a dîné hier avec moi[1]. J’ai eu à me défendre de ce qu’elle voulait

  1. Coignet était de faction à la porte de la maison de Napoléon, au moment même où l’empereur alla recevoir la belle reine Louise de Prusse. Il va nous conter, avec sa verve ordinaire, quelle impression lui produisit la gracieuse souveraine. Rien d’éloquent comme un homme du peuple, quand il voit juste et sent vivement. Écoutons-le : « Elle arriva à dix heures du soir. Dieu, qu’elle était belle avec son turban autour de la tête ! On pouvait dire que c’était une belle reine pour un vilain roi, mais je crois qu’elle était roi et reine en même temps. L’Empereur vint la recevoir au bas du grand perron et lui présenta la main, mais elle ne put le