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Page:Bonnaire - La Sainte Robe, 1845.pdf/8

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Et, dans le dévoûment d’un fils digne de lui,
Au père à son déclin prépare un noble appui ;
Resserre des époux l’indissoluble chaîne ;
À l’infirme accablé montre la fin prochaine
Des longs maux qu’il subit ; de la Misère en pleurs
Sur un grabat de paille apaise les douleurs ;
Aux plus indifférents, aux pervers d’habitude,
Inspire du bienfait la sainte gratitude ;
Rend, pour le serviteur, le maître plus humain ;
De l’inflexible avare ouvre l’avide main ;
Aux infâmes liens où son honneur s’abdique,
Arrache, à tout jamais, le viveur impudique ;
Éteint en nous les feux de la rébellion ;
Transforme en doux agneau le terrible lion,
Et, du timide enfant jusqu’à l’octogénaire,
Éclaire, vivifie, épure et régénère,
Par un rayonnement d’amour et d’unité,
Ce vaste essaim d’esprits qu’on nomme Humanité !

Oui, comme au temps prédit par les sacrés oracles,
Où sous les pas du Christ éclosaient les miracles,
Le Seigneur, aux croyants de droite volonté,
Manifeste en ce lieu sa féconde bonté.
Avec la confiance et la foi des vieux âges,
Tandis que, de la nef, de solennels hommages
Montent vers l’Éternel en ravissants accords,
Jusqu’au tissu divin traînant son frêle corps,
Du Puissant qui toujours au faible promit aide,
L’infirme à sa souffrance implore un prompt remède.
Dieu, de l’humble, a compris la suppliante voix…
L’aveugle avec bonheur s’est écrié : « Je vois !… »
Son immobile bras le perclus peut l’étendre ;
Le muet dit au sourd, étonné de l’entendre :
« Ami, tous deux ensemble, oh ! tombons à genoux !
« Du Très-Haut le regard s’est abaissé sur nous…