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Page:Bonnaire - La Sainte Robe, 1845.pdf/9

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« Sa vertu nous guérit, sa grâce nous console :
« Il te donne l’ouïe, il me rend la parole ! »
D’une main triomphante aux lambris du fronton
Suspendant désormais son importun bâton,
Sur ses pieds affermis le boîteux se redresse,
Et s’en revient chantant l’Hosanna d’allégresse.
Où va donc cette femme a l’œil brillant d’espoir ?…
Rassurée, elle court vers son triste manoir,
À cette intime voix, de son âme entendue :
« Mère, sèche tes pleurs ; ta fille t’est rendue ! »
Par la Robe attirés, les plus arides cœurs
Ne se peuvent soustraire à ses charmes vainqueurs :
De l’aimant n’est-ce pas la force irrésistible,
À son pôle amenant le fer soudain sensible ?
Émus, brisés, les yeux de larmes obscurcis,
De scandaleux pécheurs, dans le crime endurcis,
Du Dieu qu’ils blasphémaient confessent la doctrine,
Et quittent ce calvaire en frappant leur poitrine ;
À ces libres élans d’un profond repentir,
Dont l’ardeur sympathique en eux se fait sentir,
Les fervents pèlerins, le front dans la poussière,
Mêlent en sanglottant leur commune prière,
Et du temple-palais les antiques échos
Semblent en achever tout bas les derniers mots.

Noble Tunique, à toi l’honneur de ces merveilles
Qu’à la clarté du jour ou dans la nuit des veilles,
Écrasant le superbe, exaltant les petits,
Daigna faire éclater le Dieu que tu vêtis !
Mais, après ce triomphe, après cette victoire,
Il te manquait encore une suprême gloire.
De même qu’au Cénacle, entre les douze amis
Du grand Libérateur aux nations promis,
Dans le banquet d’amour tu vis surgir un traître ;
Ainsi, parmi les clercs, sous l’étole du prêtre,