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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/316

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CHARLOT S’AMUSE

lui interdisant tout retour à un état meilleur.

C’est avec une résignation bête qu’elle disait ses misères, n’ayant plus qu’un regard moutonnier et morne, perdu dans le vague, en parlant de ses premières révoltes. Au moins, elle n’aurait pas voulu exercer son métier dans le quartier de ses parents, mais la préfecture n’y avait pas consenti. On lui avait fixé et son trottoir, et ses heures. Continuellement, c’étaient des contraventions, des terreurs, des poursuites. Même chez elle, on la persécutait.

Il fallait qu’elle fût dans ses meubles, elle ne pouvait se mettre à la croisée, sortir quand il lui plaisait, recevoir une amie ; un inspecteur dont elle avait refusé d’être la maîtresse ne lui laissait pas une heure de repos. Il voulait la faire entrer en maison. Puis, elle s’était résignée, la rébellion ne menant qu’au Grand Hôtel de St-Lazare. Elle avait fait sa paix avec les agents, se livrant à tous ceux qui la voulaient, et elle aurait été heureuse, si le chef qui commandait l’expédition de ce soir ne lui avait demandé de l’argent.

À présent, elle ne savait où aller. Elle n’avait plus le sou et son hôtel était surveillé sans doute. Son amant de cœur était à Mazas