Aller au contenu

Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
CHARLOT S’AMUSE

cieux empoigna le desservant. Il songeait, s’avouant enfin vaincu, à la fête prochaine : Anne devait communier, il la confesserait la veille. Alors, la pensée de cette confession qui, dans l’église obscure, le rapprocherait de la jeune fille mise à sa merci, ne cessa de le hanter, l’emplissant à la fois de crainte et de joie.

Elle arriva enfin, la date si impatiemment attendue. Le matin de ce jour-là, comme il remontait brusquement dans sa chambre pour prendre son bréviaire oublié, il surprit sa future pénitente qui faisait le lit. Elle ne l’avait pas entendu ouvrir, et, couchée sur l’oreiller du vicaire, elle embrassait furieusement la place où le jeune homme avait reposé sa tête. Sans bruit, il s’en retourna, tout rouge, sentant son cœur battre désespérément.

Le soir, elle arriva à l’église la dernière. Il avait dépêché, sans les entendre, toutes les femmes du village, et se tourmentait déjà dans l’espoir et dans la crainte que la jeune fille ne viendrait pas. Soudain, par le judas grillé, il l’aperçut à genoux à quelques pas, et, dans une brusque angoisse, il eût peur qu’elle n’osât plus. Il toussa doucement ; elle releva la tête et, d’un bond, fut au confessionnal, à genoux.