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Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/93

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À JEAN BOREL.



AGARITE.


 
          AGARITE, seule, assise près d’une table.
Non, non, rien n’est juré, non, non, c’est impossible !
Baisons, pleurs, tout est vain ; je me fais insensible ;
Il s’agit de mon sort, de mon bel avenir :
C’est ma vie, après tout, qu’on voudrait me ternir.
On veut forcer mon cœur, commander à mon âme ;
Mais je suis libre encore, et je puis… je suis femme !…
J’ai pu me laisser prendre et céder à ce vœu :
J’abjure tout enfin, j’en fais le désaveu ;
Tout ce que j’ai promis aux genoux de ma mère,
Je l’ai tout oublié : la tâche est trop amère !
J’irais jeune, amoureuse, au bras d’un vieil époux
M’ensevelir vivante, allons, y pensez-vous !
Oh ! je m’étiolerais à l’air de cette couche,