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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/222

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— Une femme moins bien élevée eût aimé davantage son mari, du moins elle ne s’en serait pas fait un scrupule de conscience, répondit Félicien, qui, surpris d’abord de l’attaque de madame Milbert, avait repris tout son sang-froid pour l’écouter jusqu’au bout sans l’interrompre.

Celle-ci, se sentant blessée personnellement par la réplique de son gendre, lâcha la bride à ses récriminations : Bien lui en avait pris d’inspirer à sa fille ces scrupules exagérés ; car il ne fallait pas une vertu commune pour se défendre contre les séductions avec un mari qui, au scandale de la ville entière, remplissait si mal ses devoirs de famille. — Et je parle des séductions honnêtes, monsieur, ajouta-t-elle, de celles qu’entraîne la sympathie des cœurs vertueux et sensibles, révoltés du martyre auquel vous la condamnez. Lisez cela : vous verrez ce qu’on pense d’elle et de vous.

Félicien ne jeta sur la poésie qu’on lui présentait qu’un coup d’œil d’ensemble, ce qui irritait encore madame Milbert, qui aurait voulu lui enfoncer chaque mot comme un trait dans le cœur. Il la lui rendit sans s’informer d’où elle venait, devinant qu’il n’y avait point là un