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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/223

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ennemi avec lequel on dût se mesurer, et il dit, avec un calme qui n’était pas celui de l’indifférence, mais de la réflexion :

— Vous me confirmez, madame, dans une résolution que je mûrissais depuis longtemps. Je vais m’empresser de l’exécuter pour sortir de notre position actuelle, qui me paraît aussi intolérable qu’à vous.

Ces paroles inquiétèrent madame Milbert. Sa colère, qui n’était qu’une crise rapide, contraire à sa bonne humeur habituelle, tomba subitement. Elle interrogea Félicien avec douceur ; mais il détourna ses questions et se contenta de lui répondre qu’elle serait instruite plus tard. Elle se retira donc, pleine d’inquiétude et avide de connaître le résultat inattendu de sa démarche.

Cette explication fut promptement donnée à Adrienne, qui en garda le secret pour ne pas affliger sa mère. N’imaginant pas d’autre moyen de vaincre l’opiniâtre révolte de sa femme contre lui que de la soustraire pour jamais à l’influence du milieu où elle avait puisé tant de préjugés opposés à leur bonheur, Félicien lui déclara qu’il était décidé à quitter Rouen. Il la laissait libre, d’ailleurs, de choisir