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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/28

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« Oh ! que je désire, chère mère, me retrouver auprès de vous ! Je te l’avoue tout bas, j’ai eu quelques moments d’ennui pendant ce voyage : mon mari m’a fait faire de si longues stations dans les églises ! Ne t’y méprends pas, nous n’étions point dans le temple du Seigneur, mais dans de véritables musées. J’ai fait même observer à Félicien que son empressement à considérer les chefs-d’œuvre de l’art était si grand que jamais il ne paraissait se rappeler qu’il entrait dans la maison de Dieu. Je crois que mon reproche a atteint sa conscience ; en effet, j’ai remarqué, depuis ce jour-là, qu’il faisait debout, chapeau en main, une station qui pouvait passer pour un acte de respect, sinon de culte.

« Tu vois bien, chère mère, qu’il n’est point incorrigible. Il faudra aussi tâcher de le guérir de cet excès d’amour qu’il a pour les arts. Cela peut entraîner à des choses dangereuses et même répréhensibles ; d’ailleurs, ce goût poussé à l’extrême est peu convenable pour un homme du monde, et Félicien y apporte une ténacité, un sérieux qui le détournent certainement de choses plus intéressantes.

« C’est pendant les trois jours que nous ve-